Sur ARTE le 6 août 2013 à 22h25 a été diffusé un documentaire sur le Commerce Equitable et les producteurs de café du Mexique.
http://www.arte.tv/guide/fr/
A suivre les commentaires d'Artisans du Monde.
Bonjour à toutes et à tous,
Suite à la diffusion du reportage intitulé "Le business du Commerce équitable" le 6 août sur Arte et réalisé par Donatien Lemaître, nous vous adressons ci-dessous quelques réactions que nous souhaitions partager avec vous.
Bien que l'image d'Artisans du Monde n'ait pas été écornée, que les propos tenus sont justes, notamment via l’interview de David Erhart, il est évident que la portée de ce documentaire a et aura des conséquences négatives sur l'image du commerce équitable. .
Sans revenir sur les différents arguments et amalgames, il est important d'en saisir dès à présent les enjeux, et donc les retombées négatives que cela entraîne.
Bien que ce reportage mette en lumière notre légitimité et le caractère exigent de notre commerce équitable en tant qu'acteur privilégiant la filière intégrée et que la GMS soit considérablement discréditée, notamment sur ses motivations à commercialiser des produits équitables, le label Max Havelaar est également fortement critiqué. Or, quelques-uns de nos produits affichent le logo, aussi, nous devons assumer nos choix.
Le secteur GARANTIE de la FAdM est formel quant aux propos de Christian Jacquiau entendus dans ce reportage dénonçant le manque d'indépendance de FLO-CERT par rapport à FAIRTRADE INTERNATIONAL.
La filiale FLO-Cert est indépendante, elle est d'ailleurs accréditée ISO-65 par le DAP, équivalent allemand du COFRAC (Comité Français d'Accréditation). La norme ISO-65 est celle qui garantie le plus grand degré de compétence, d'indépendance et d'impartialité.
D’autre part, notre système de garantie, celui de la WFTO, qui a subi d'importantes évolutions à sa dernière AG, fonctionne différemment. C’est la FADM qui évalue les pratiques de ses partenaires après une unique procédure d'auto-évaluation (tous les deux ans). Seulement 10 % des évaluations se font via des auditeurs externes. Nous redisons que des évolutions quant à la méthodologie d'obtention de la marque Fairtrade Organization ont eu lieu en mai 2013.
Les évaluations et les audits ont pour principal objectif d'identifier les dysfonctionnements entre les pratiques et le cahier des charges notamment pour mettre en place des plans d'accompagnement pour ajuster ces pratiques. Les acteurs de commerce équitable fonctionnent dans une logique de progression et sont toujours en mouvement.
Par ailleurs, le label Rainforest Alliance est longuement critiqué dans ce reportage (à juste titre si l'on en croit les propos et pratiques inhumaines indécentes dénoncées par le journaliste). Ni le comité de garantie de la FADM, ni la Plate forme pour le Commerce Equitable, ne reconnaissent ce label comme étant un label de commerce équitable. Ce label existe pour contrôles des plantations qui produisent pour les grandes multinationales de l'agro-industrie. Sauf erreur de notre part, malgré ce que dit le journaliste, les représentants de ce label n'ont jamais prétendu être des acteurs de commerce équitable.
La Fédération s'est déjà positionnée en 2006/2007 sur le choix de Max Havelaar de travailler dans la filière des bananes équitables. A l'époque, nous avions mené l'enquête et constaté que certains des critères n'étaient pas respectés, notamment les critères sociaux, relatifs aux conventions fondamentales de l'OIT. C'est pour cela que nous n'avons jamais, nous AdM, commercialisé ces fameuses bananes.
Depuis longtemps, nous dénonçons la récupération marketing du commerce équitable par des acteurs de la Grande et Moyenne Distribution (GMD). Nous devons donc réaffirmer suite à ce documentaire notre démarche. Ce n’est pas le commerce équitable qui est attaqué mais ces nouvelles pratiques commerciales. Le changement d’échelle souhaité pour développer le volume de vente des producteurs produit des effets qui ne sont pas inscrits dans notre combat d’origine.
Nous défendons le commerce équitable militant parmi d’autres commerces équitables. L’intégralité de nos marges (présenté comme inférieure à celle pratiquée par la GMD), servent exclusivement au développement du commerce équitable.
Nous considérons qu’il faut développer tout autant la vente, la garantie, l’éducation et le plaidoyer pour proposer une pratique équitable du commerce et offrir un espace de « résistance » au commerce international.
Le commerce équitable est un projet politique au sens ou il est l'affaire de tous tant il veut modifier nos relations avec tous les producteurs mais il ne fait pas de « miracles », car il ne peut pas à lui tout seul changer un système économique international inéquitable.
| Jean Huet Co-président de la Fédération Artisans du Monde j.huet@artisansdumonde.org | |
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